ONG, syndicats, députés, la levée de boucliers contre le déploiement de la 5G est massive. Et pour cause, le manque criant de données sur les impacts sanitaires et environnementaux devient insupportable pour certains, alors que l’ensemble du territoire pourrait être équipé d’ici à la fin de l’année.
Dans ses conclusions, la Convention citoyenne pour le climat, appuyé par de nombreux maires écologistes fraîchement élus, demande la tenue d’un moratoire pour déterminer les potentiels risques environnementaux liés à cette technologie. Demande écartée d’un revers de main par le gouvernement.
Aucune étude d’impact
Parallèlement, Élisabeth Borne la ministre de la Transition écologique et solidaire ainsi qu’Olivier Véran, ministre de la Santé, ont demandé l’avis définitif de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur les impacts sanitaires de la 5G. Ils vont également lancer une mission pour déterminer l’impact environnemental.
Seul élément concret à notre disposition le rapport de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) datant de juillet 2019. Sans dire concrètement si les risques augmentent avec la 5G, on peut y lire que "le niveau d’exposition aux ondes est plus grand dans le faisceau, et moindre en dehors du faisceau, tandis que la durée d’exposition est plus faible ". "Un rapport socratique, dans lequel on sait qu’on ne sait rien, selon Stéphen Kerckhove, directeur général de l’association Agir pour l’environnement. Ce qui est factuel, c’est que les évaluations faites dans les sites expérimentaux montrent que le niveau moyen d’exposition aux ondes augmente d’au moins 30 % ".
Mais pour le président de la Fédération française des télécoms Nicolas Guérin, "il n’y a pas de risque sur la santé. La bande de fréquence se trouvera entre 3,5 et 3,8 GHz, très proche de la 3G et de la 4G. Pour l’impact sanitaire, quatorze autorités ont dit "rien de nouveau par rapport à la 4G". De toute façon on garde les mêmes seuils d’exposition et on va les respecter ". Chez Agir pour l’environnement, on appelle aussi à "ne pas sous-estimer les effets psychosociaux du numérique. Les enfants entre 16 et 18 ans passent 6 h 40 devant un écran, avec des risques accrus d’obésité, d’hyperactivité, de réduction du temps de sommeil ou de myopie ".
Prioriser nos besoins
Sur l’aspect sanitaire le gouvernement se veut rassurant et promet la transparence totale. Matthieu Weill, chef du Service de l’Économie numérique au ministère de la Santé souhaite "que chacun puisse demander le niveau d’exposition aux champs auquel il est soumis à tel ou tel endroit ". Il annonce par ailleurs le lancement d’une "étude sur l’accompagnement du déploiement de la 5G. Puis une autre sur l’impact des réseaux". Pas suffisant pour les ONG qui fustigent le fait qu’aucune étude n’a été réalisé en amont.
Sur l’aspect environnemental, les opérateurs mettent en avant un gain d’efficacité énergétique apporté par la 5G. Certes, mais ça n’est qu’une partie du problème, précise Hugues Ferreboeuf. Le directeur du projet "sobriété" au Shift Project questionne "la multiplication des objets connectés permise par cette technologie". Selon lui, "la consommation d’énergie des opérateurs pourrait être multipliée par 2,5 en 5 ans. Ainsi, la hausse des usages sera supérieure au gain d’énergie consommé ". Pour résumer, la technologie 5G consommera moins d’énergie pour une même quantité de données transférées. Seulement, le volume de ces données devrait exploser à cause des nouveaux usages induits par la 5G. On pense notamment à tous les objets connectés. "Cette technologie n’est pas nécessaire pour le moment, il faut prioriser nos besoins ", conclut Hugues Ferreboeuf.
Mais le problème environnemental pourrait prendre une tout autre ampleur avec la question du renouvellement des terminaux, qui représente déjà 80 % de la pollution numérique. La plupart des Français n’étant pas équipés pour utiliser cette technologie nouvelle, "on va voir une accélération de l’obsolescence ressentie des terminaux 4G et donc on se sentira obligé d’acheter un terminal 5G ", selon l’écologiste.
Il faudra donc accorder ses violons et réaliser une étude de référence, qui déterminera précisément les impacts de la 5G. Sans cela les Français auront du mal à se projeter dans l’avenir.
Stéphane Richard, le patron d’Orange en est conscient : "On ne va pas forcer les Français à accepter quelque chose dont ils ne veulent pas. Il insiste cependant sur le fait que la 5G, par rapport au dérèglement climatique, est beaucoup plus une solution qu’un problème."
July 04, 2020 at 08:04PM
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Pas de moratoire sur la technologie 5G - Midi Libre
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