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Remettre la technologie à sa place - Libération

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A l’heure où nous faisons des comptes d’apothicaire pour envisager la possibilité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter l’emballement climatique, un sujet reste encore trop peu souvent évoqué : l’impact de la technologie sur le vivant. Et la tentation du techno-solutionnisme est grande pour répondre aux enjeux écologiques de notre époque, même si le piège serait de nous concentrer sur les conséquences plutôt que de traiter les causes qui se situent, elles, principalement au niveau économique et social. Aldous Huxley nous prévenait déjà en 1954 dans son livre les Portes de la perception quand il disait : «Le progrès technologique n’abolit pas les obstacles ; il en change simplement la nature.»

Il est vrai que les inventions technologiques ont permis d’atteindre un niveau de confort tout à fait inenvisageable quelques siècles en arrière. Grâce au progrès de la médecine, des transports ou encore de l’informatique, les gens vivent plus longtemps et dans de meilleures conditions. Pourtant, il faut aussi reconnaître ce que coûtent à̀ la planète les voitures autonomes, les maisons intelligentes, les vêtements connectés… Il n’y a plus de limites à̀ une course en avant faite avec des œillères et à des inventions pour lesquelles la question de leur véritable utilité ne se pose même plus.

Pollution toujours plus visible pour un progrès de moins en moins tangible

Surtout, les nouvelles inventions sont systématiquement victimes de l’effet rebond : plus on économise (de l’argent, de l’énergie, etc.), plus on dépense ailleurs. Un des exemples parfaits est la voiture Tesla, pourtant vendue comme le miracle qui résoudra tous nos problèmes de transport courant. Soixante-dix ans après la 2 CV de Citroën et ses 500 kg, une Tesla pèse plus de deux tonnes et émet deux fois plus de CO2 à la construction qu’une voiture thermique. Tout ça pour déplacer en moyenne 1,1 passager…

Au-delà de la consommation des ressources, une pollution plus sournoise est engendrée par nos progrès technologiques dont le coupable est facile à démasquer : le numérique. Pourquoi sournoise ? Parce qu’elle est invisible, bien cachée dans des fermes de serveurs à l’abri des regards. Et pourtant son impact est considérable. C’est bien simple, 4% des émissions de gaz à effet de serre sont liées au numérique. Rien que la consommation mondiale de vidéos en ligne émet autant de gaz à̀ effet de serre que l’Espagne.

Durabilité et sobriété

Pour inverser la tendance, plusieurs leviers sont à notre portée. Premièrement, lutter contre l’obsolescence programmée en privilégiant des objets solides, simples et réparables plutôt que des concentrés de technologie qui nous lâcheront à la première chute.

Notre utilisation doit être également revue pour allonger la durée de vie de nos objets au maximum. Comment ? En prenant soin de respecter les règles de base pour optimiser la batterie et les différents composants et en n’hésitant pas à passer par la case réparation quand un petit défaut apparaît. Que ce soit en se formant grâce à un tuto en ligne, en allant à un Repair Café ou en faisant appel à un réparateur agréé.

Et puis, c’est aussi une question de sobriété. Le fameux «moins mais mieux» qui nous évitera d’accumuler les objets mais nous protégera aussi de leur surutilisation. Moins de séries à la chaîne jusqu’à 2 heures du matin, moins de mails avec 200 personnes en copie ou encore moins de photos et de vidéos de chats stockés sur le cloud.

Oui à l’innovation frugale…

A l’opposé des high-tech, il existe des solutions techniques plus simples, plus accessibles et plus durables qui, si elles sont démocratisées, peuvent répondre de manière globale aux objectifs de développement durable identifiés par les Nations unies. Systèmes d’autoproduction d’énergie, de nourriture, retour à la consigne, recyclerie, permaculture… les initiatives low-tech se développent à toute allure et font de plus en plus parler d’elles.

Au-delà de son intérêt au niveau environnemental, l’innovation low-tech invite à repenser notre rapport au développement par l’innovation high-tech débridée. Plutôt que de continuer à rendre l’utilisateur dépendant, l’innovation frugale entend redonner son autonomie à l’individu en mettant à sa disposition des objets vrai- ment utiles et facilement réparables. En France, le Low-Tech Lab est le fer de lance de cette tendance grandissante.

Découvrir le site Ça commence par moi 

Et encore…

En attendant le festival Agir pour le vivant qui se tiendra du 24 au 30 août 2020 à Arles (Bouches-du-Rhône), en partenariat avec les éditions Actes Sud, la rédaction de Libération propose à ses lecteurs tribunes, interviews et éclairages, ainsi qu’une sélection d’articles sur le thème de la biodiversité issus de nos archives ou de notre rubrique «le Fil vert». A retrouver ici.

Julien Vidal (fondateur et porteur du projet "Ca Commence Par Moi")


July 12, 2020 at 11:43PM
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